Mardi 23 mars
Vinh - Hué
Le pont
Le guide tient à nous faire franchir à pied un pont dont la signification nous a échappé mais qui semblait lui être importante. Cela nous permet d'admirer des bateaux de pêche rutilants, et quelques aspects des rives. Pendant notre traversée, nous sommes dépassés par des centaines d'étudiants à vélo et en uniforme. La plupart sont à deux sur un seul vélo, et ce n'est pas forcément celui qui est assis sur la selle qui pédale.
Les tunnels de Vinh Moc
En 1966, les Américains lancèrent une attaque massive contre le Nord-Vietnam, par le biais de bombardements aériens et de tirs d'artillerie continus. Situé juste au nord de la DMZ, le village de Vinh Moc devint alors l'un des secteurs les plus bombardés de la planète. Les abris de fortune ne résistèrent pas à ces assauts : certains villageois prirent la fuite, d'autres entreprirent de creuser des tunnels dans la terre rouge argileuse.
Les forces vietcong jugèrent très utile d'installer une base à cet endroit et encouragèrent les villageois à rester sur place. Après 18 mois de travail (durant lesquels la terre déblayée fut camouflée, pour éviter que la détection aérienne ne la repère), une immense base souterraine fut ainsi établie. Les civils aidèrent à creuser les tunnels et des familles entières s'installèrent dans ces abris, qui virent même la naissance de 17 enfants. Les civils et les forces vietcong furent ensuite rejoints par des soldats nord-vietnamiens, dont la mission consistait à garder le contact avec l'île Con Co et à lui livrer du matériel militaire. Grâce aux tunnels de Vinh Moc, le Nord-Vietnam put acheminer au total 11 500 tonnes de matériel vers l'île et 300 tonnes vers le Sud.
D'autres villages au nord de la DMZ construisirent leurs propres tunnels, mais aucun réseau n'était aussi élaboré que celui de Vinh Moc. Un bombardement eut d'ailleurs raison de ceux de Vinh Quang (à l'embouchure du Ben Hal) et de la population qui y avait trouvé refuge.
Pour l'essentiel, les tunnels de Vinh Moc n'ont guère changé depuis 1966, même si certaines des douze entrées (dont sept donnent sur la plage, bordée de palmiers) ont été consolidées et que d'autres ont été envahies par la végétation. Construits sur trois niveaux, les tunnels se trouvaient entre 15 et 26 m sous le sommet de la falaise. Les tunnels étaient sans cesse bombardés par les Américains, mais les villageois ne craignaient que les bombes perforantes. Une seule de ces bombes atteignit le tunnel : elle n'explosa pas et personne ne fut blessé. Les habitants transformèrent le trou percé par la bombe en bouche d'aération. Les entrées donnant sur la mer étaient parfois mitraillées par l'artillerie navale.
Le plan des tunnels de Vinh Moc. Il y avait un hôpital, des cuisines, des salles à manger et des "chambres" (petits alvéoles de part et d'autre des voies, où 2 personnes pouvaient dormir accroupies).
Une des entrées du tunnel, reconstituée pour les visiteurs mais inutilisée.
L'entrée des visiteurs, par Gérard.
La descente dans le tunnel. Attention à la tête !
Le trou causé par la bombe non explosée, transformé en conduit d'aération.
Le 17ème parallèle
De 1954 à 1975, le fleuve Ben Hai fit office de ligne de démarcation entre la République du Vietnam (Sud-Vietnam) et la République démocratique du Vietnam (Nord-Vietnam). De chaque côté du fleuve s'étirait alors une zone de 5 km de large, baptisée zone démilitarisée (DMZ) : ironiquement, au fur et à mesure que le conflit s'intensifiait, cette zone allait devenir l'une des plus militarisées au monde.
L'ancien pont sur le fleuve Ben Hai, alors le seul point de passage entre le Nord et le Sud.
L'entrée du pont côté nord, avec son arc de triomphe à la gloire d'Hô Chi Minh.
Côté sud du pont, un monument beaucoup plus récent mais de style tout aussi "communiste".
Mais aux abords du pont, le paysage est maintenant beaucoup plus calme et tranquille.
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