Mardi 30 mars
Preah Neak Pean
et Preah Khan
Cet après-midi, au lieu de faire une petite sieste et de visiter l'école d'artisanat, deux d'entre nous (Pierre CPN et Jean-Luc HLN) décident d'aller visiter deux autres temples, non prévus dans le programme. Ils louent une moto-remorque et un guide local et les voilà partis. Les photos ci-dessous sont dues à Jean-Luc. Mais n'ayant pas le commentaire qui allait avec, j'ai dû me contenter de ceux du guide Lonely Planet et au panneau du site que Jean-Luc a eu la bonne idée de photographier.
Preah Neak Pean
Ce petit temple bouddhique, aux proportions parfaites, fut construit par Jayavarman VII à la fin du XIIe siècle. Le Preah Neak Pean ("nâga enchevêtrés" ; prononcez po-an) comporte un grand bassin carré entouré de quatre bassins plus petits. Au centre du grand bassin, une "île" circulaire est entourée de 2 nâga, dont les queues entremêlées ont donné son nom au temple.
Quatre statues ornaient autrefois le grand bassin. Il n'en reste qu'une, savamment reconstituée à partir des morceaux récupérés par les archéologues français qui ont déblayé le site. Cette étrange statue représente un cheval doté d'un entrelacs de jambes humaines. Elle évoque la légende selon laquelle Avalokiteshvara sauva un groupe de disciples naufragés sur une île de goules en se transformant en cheval volant.
Autrefois, l'eau s'écoulait du bassin central dans les bassins périphériques par des gargouilles ornementales, en forme de têtes d'éléphant, de cheval, de lion et d'homme, toujours visibles dans les pavillons postés à chaque axe du grand réservoir. Ce dernier servait aux rites de purification et l'ensemble était au centre d'un immense baray de 3 km sur 900 m, aujourd'hui asséché et envahi par la végétation.
Construit par Jayavarman VII dès avant la fin du siècle, le monument que voici —Neak Poan ou "Nãga enlacés"— est une île artificielle d'environ 350 m de côté, érigée au milieu d'un réservoir qui l'est tout autant. Ce nom moderne, il le doit au motif de serpents encadrant le soubassement du sanctuaire central. Une inscription le mentionne comme "une île éminente, tirant son charme de ses bassins et nettoyant la boue des péchés de ceux qui l'approchent". Les bassins en question sont au nombre de quatre. Ils étaient alimentés par un système complexe de fontaines anthropo- et zoomorphes. La fonction mystique curative de ses eaux était dès lors probable, d'autant que le mythe de la délivrance d'un groupe de naufragés par le cheval Balãha, métamorphose de Lokesvara, est ici représenté dans l'espace.
Le réservoir qui mesure 3500 m x 900 m est appelé originellement Jayatatãka, "Étang de Jayalvarman VIII". Son nom moderne de Veal Reach Dak "Plaine de l'Étang royal", décèle une mémoire historique collective des gens d'Angkor, conscients qu'à l'origine le quadrilatère fut bien un Baray, ouvrage hydraulique royal aujourd'hui asséché. [Panneau du site]




Preah Khan
Dédale de couloirs voûtés, de sculptures raffinées et de pierres couvertes de lichens, le temple de Preah Khan ("épée sacrée") figure parmi les plus grands ensembles d'Angkor. Érigé par Jayavarman VII, il lui servit probablement de résidence pendant la construction d'Angkor Thom. Moins visité que le Ta Prohm, il en rappelle la structure avec ses enceintes couronnées de tours et traversées de couloirs étroits. Il est toutefois dans un meilleur état de conservation et les travaux de restauration conduits par le World Monuments Fund (WMF ; www.wmf. org) devraient le consolider.
Le sanctuaire central fut consacré en 1191. Une grande stèle de pierre, autrefois installée dans la première enceinte orientale et aujourd'hui à l'abri dans les locaux de l'Angkor Conservation, a fourni de nombreuses informations sur le rôle de Preah Khan en tant que centre de culte et d'études. Le temple était dédié à 515 divinités et, chaque année, 18 fêtes importantes s'y déroulaient, nécessitant la présence de milliers de serviteurs pour l'entretien du lieu.
Le site est très étendu, mais le temple lui-même n'occupe qu'un rectangle fortifié de 700 m sur 800 m. Quatre chaussées de procession donnent accès aux portes. Comme à l'entrée d'Angkor Thom, elles sont bordées d'une superbe représentation du barattage de la mer de lait, bien que la plupart des têtes aient disparu. Du sanctuaire central, quatre longues galeries voûtées partent vers les quatre points cardinaux. La plupart des murs intérieurs étaient enduits de plâtre, maintenu grâce à des orifices creusés dans la pierre. Un grand nombre des sculptures raffinées a survécu, notamment des essai (sages) et des apsaras.
Comme dans la plupart des temples angkoriens, l'entrée principale se situe du côté Est, mais l'usage veut que l'on passe par la porte Ouest, près de la route principale. On fait alors le tour du temple jusqu'à la porte Est, avant de revenir au sanctuaire central et de rejoindre la porte Nord (où les chauffeurs attendent en général les visiteurs). Si le génie de la nature ne s'exprime guère à l'entrée Ouest, deux arbres entremêlent leurs racines monstrueuses sur le mur de soutènement extérieur de la porte est. Dans l'entrée Est, une étonnante structure de style grec à deux étages n'a pas encore livré le secret de sa fonction.













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