Mercredi 24 mars
Hué
Le théâtre de marionnettes sur l'eau
L'art millénaire des marionnettes sur l'eau (roi nuoc), qui demeura confiné au nord du Vietnam jusque dans les années 1960, était à l'origine un passe-temps des paysans, qui travaillaient toute la journée dans les rizières. Les versions divergent quant à la naissance de ces "spectacles" : ces paysans auraient considéré la surface de l'eau comme une scène toute trouvée, ou bien ils auraient décidé, après une inondation du delta du fleuve Rouge, d'adapter l'art des marionnettes traditionnelles. Quoi qu'il en soit, ils sculptaient les marionnettes dans du bois de figuier (sung), matériau imputrescible, en s'inspirant des habitants de leur village, des animaux qui les entouraient ou des créatures mythiques (dragon, phénix ou licorne). Les représentations avaient lieu sur des étangs, des lacs ou des rizières inondées.
Les spectacles se donnent aujourd'hui dans un bassin de forme carrée (la "scène") dont l'eau est obscurcie afin de dissimuler les mécanismes actionnant les marionnettes. Recouvertes d'une peinture brillante à base de pigments végétaux, celles-ci peuvent mesurer jusqu'à 50 cm et peser jusqu'à 15 kg. Leur vie n'excédant pas trois à quatre mois quand elles servent en continu, leur fabrication occupe à plein temps plusieurs villages des environs de Hanoi.
Chaque représentation nécessite onze marionnettistes, qui ont tous suivi une formation d'au moins trois ans. Plongés dans l'eau jusqu'à la taille, ils sont dissimulés derrière un écran de bambou. Souffrant autrefois de différentes affections liées à leur présence constante dans l'eau, les artistes portent de nos jours des combinaisons qui leur évitent ces maladies professionnelles.
Certaines marionnettes sont simplement fixées à de longues tiges de bambou ; d'autres sont placées sur une base flottante, elle-même fixée à une tige. Elles ont pour la plupart une tête et des membres articulés et, parfois, un gouvernail pour les diriger. Dans la pénombre, on a l'impression de les voir littéralement se mouvoir seules sur l'eau. Les techniques complexes de manipulation des marionnettes, gardées secrètes par tradition, ne se transmettaient jadis que de père en fils (jamais de père en fille, pour éviter, si la fille se mariait à un homme étranger au village, qu'elle ne lui livre le secret).
Dans le roi nuoc, la musique a autant d'importance que l'action. L'orchestre comprend des flûtes en bois (sao), des gongs (cong), des tambours (trong com), des xylophones en bambou et l'étonnant monocorde, le dan bau.
Le spectacle se compose d'une succession de tableaux évoquant aussi bien des scènes de la vie quotidienne que des légendes. Une scène mémorable illustre la lutte entre un pêcheur et sa proie ; elle est si réaliste que le poisson semble vivant. D'autres tableaux figurent des dragons crachant du feu (réalisé avec des techniques d'artificier) ou un jeune garçon jouant de la flûte sur le dos d'un buffle.
Le spectacle est très divertissant. Les marionnettes sont drôles et gracieuses, et l'eau met merveilleusement l'intrigue en valeur en permettant aux marionnettes d'apparaître et de disparaître comme par magie. Attention aux éclaboussures dans les premiers rangs.



Soirée costumée
Le soir, à l'hôtel, nous sommes conviés à endosser des costumes traditionnels remontant au temps des mandarins. Le résultat n'est pas triste ! Par contre, prendre un repas dans cet équipage pose des problèmes de température que la climatisation a beaucoup de mal à combattre.

Photo de groupe en costume.
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Le roi et la reine de la soirée.

Le repas est agrémenté par un orchestre traditionnel.
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