Mardi 17 mai
BOUKHARA (3)
Les médersas jumelles (Koch Madrassah)
Koch signifie «double» et s'utilise généralement en architecture
pour caractériser un ensemble constitué de deux parties se faisant face. A Boukhara, il 'applique plus particulièrement
aux médersas de Modar-i-Khan et d'Abdullah Khan, situées à quelques centaines de mètres au
sud-ouest du Reghistan, en direction de la porte de Chirgaron. Toutes deux furent bâties sur ordre du khan cheïbanide
Abdullah (1533-1597), l'un des plus grand bâtisseurs d'édifices religieux et surtout profanes de l'histoire
de Boukhara.
La médersa Modar-i-Khan (1566-1567) est la plus modeste des deux, et fut construite en moins de deux ans au début
du règne d'Abdullah en l'honneur de sa mère (modar en persan). Construction d'allure classique à la façade
sobre, elle reflète les incertitudes qui marquèrent le début du règne.
En face, la médersa d'Abdullah Khan, bâtie vingt-trois ans plus tard, témoigne d'ambitions bien supérieures.
Les motifs de girikh de la façade sont plus complexes, les tons violets, verts et blancs bien vibrants, et le portique
beaucoup plus impressionnant. Le caractère artistique de l'édifice semble prendre le pas sur son caractère
spirituel, et l'affirmation personnelle transcende l'inspiration religieuse. La médersa et la mosquée furent bizarrement
orientées vers les points cardinaux, et non vers La Mecque, ce qui non seulement alignait la façade vers l'édifice
lui faisant face, mais permettrait en outre de placer la future tombe d'Abdullah Khan dans un axe nord-sud plus habituel. A une époque
où les mausolées flamboyants suscitaient des froncements de sourcils de la part d'un clergé tout-puissant,
Abdullah aurait-il imaginé cette parade pour mieux reposer en paix dans sa médersa?

La médersa Abdoullah Khan - Vue d'ensemble

La médersa Abdoullah Khan - Le fronton

La médersa Abdoullah Khan - Détail des mosaïques


La médersa Modar-i-Khan - Le fronton

La médersa Modar-i-Khan

La cour intérieure de la médersa Modar-i-Khan
Le Tchor Minor
Le Tchor Minor («quatre minarets») est l'un des édifices les plus
séduisants et les plus étranges de Boukhara, d'autant plus surprenant qu'il fut construit en 1807, une époque
de profonde stagnation culturelle. Cette sorte de chaise renversée profondément enfoncée dans le sol
est en fait le darvozakhana (corps de garde) d'une médersa (90 m sur 40 m) construite par le riche marchand turkmène
Khalif Niyazkoul. Au sud se trouve la cour de la médersa, avec l'ancienne mosquée d'été à gauche
et le haouz à droite. II ne reste que quelques ruines de la médersa, à côté du Tchor
Minor.
Les quatre tours à coupole qui surmontent le corps de garde ne sont pas des minarets à proprement parler et ne
l'ont jamais été. Aucune ne présente de galerie et ne permet l'appel à la prière, et trois
d'entre elles étaient purement décoratives ; seule la quatrième donnait accès à la bibliothèque
du premier.



Détail d'une tour et l'escalier menant à l'étage

|