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Dimanche 15 Mai
KHIVA (5)

Médersa et minaret Islam Khodja (1908-1910)

Lorsque Khiva s'est réveillée dans le XXe siècle, un besoin urgent de réformes apparut à certains membres de la cour d'Isfandyar Khan. Le grand vizir Islam Khodja, à l'origine de ces bouleversements, conquit rapidement le peuple en commanditant une école publique et un hôpital, mais provoqua le courroux du clergé en lançant une série de réformes de l'enseignement. Il fut assassiné en 1913 sur l'ordre de son ennemi héréditaire, Nazar Beg, avec l'accord tacite du khan. Néanmoins, Islam Khodja eut le temps de faire ériger sa médersa (1908) et son minaret (1910), qui sont les derniers grands monuments architecturaux des khanats d'Asie centrale, ne serait-ce que parce que leur architecte fut enterré vivant par Isfandiyar Khan, dans le sillage du meurtre du grand vizir.
Durant le siège de quatre jours mené par le leader basmatchi Junaid Khan en 1924, le minaret a été utilisé – selon le mythe soviétique – comme tour-radio pour appeler à la rescousse de Ferghana le premier avion jamais vu à Khiva.
Du haut de ses 44,8 mètres, le minaret n'a que deux mètres de moins que le Kalon de Boukhara, mais il est presque de huit cents ans plus récent. Ses bandes de faïence émaillée dans les tons verts parcourent la plus haute tour de garde de Khiva, indispensable pour repérer les agissements des bandes de Turkmènes capturant des esclaves, toujours actives en 1910. Des marches en bois donnent accès à l'entrée d'origine de la médersa, et une centaine d'autres poursuivent jusqu'au clair-étage. La mosquée est couronnée d'une coupole de style typiquement persan.
Devenu le plus éminent des musées de Khiva, le monument expose aujourd'hui, dans les 42 salles de la médersa, les arts appliqués de la région: robes de femmes chetvan brodées, panneaux de bois gravé originaux de l'Ota Darvoza, assiettes au blason de la République soviétique d'Ouzbékistan, tiares turkmènes... les objets présentés sont hétéroclites, mais non dépourvus d'intérêt.

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Mausolée Pakhlavan Mahmoud

Pakhlavan Mahmoud, l'Hercule de l'Orient, Palvan Pir, le lutteur saint kurach, Pirar Vali, le poète perse antireligieux, et Mahmoud, le fourreur du district, ne sont qu'un seul et même homme, décédé ici en 1325 pour entrer dans le folklore local en tant que héros; c'est également le saint patron de Khiva. Au fil des ans, un petit mausolée s'est élevé sur le site de l'ancien atelier de Mahmoud. Ce n'est qu'à partir de 1810-1835 que sa tombe s'est parée de sa gloire actuelle, lorsque les khans koungrats de Khiva ont transformé ce lieu de pèlerinage en grand mausolée familial, le dernier érigé en Asie centrale et l'édifice le plus réputé de la ville.
L'entrée se fait par la porte sud – une inscription sculptée donne la date de 1701 – et s'ouvre sur une jolie cour entourée de cellules hujra à gauche, de la khanagha principale et de mausolées en face, d'une mosquée ouverte d'été et d'un puits à droite. L'ensemble est saturé de décorations époustouflantes dans toutes les nuances de bleu, du plus glacial au plus ardent. Une coupole turquoise recouvre l'édifice; elle a été restaurée après la chute de nombreuses céramiques lors des tempêtes de neige de l'hiver 1993. La salle principale abrite les sarcophages d'About Gazi Khan (à gauche, règne de 1643 à 1663), d'Anoucha Khan (à droite, règne de 1663 à 1674/1681) et de Mohammed Rakhim Khan I (au centre, règne de 1806 à 1825). C'est dans une pièce à gauche que se trouve le saint des saints, orné de motifs folkloriques locaux, derrière un panneau incrusté d'ivoire. Un mausolée supplémentaire devait à l'origine célébrer Isfandiyar Khan, mais celui-ci a été assassiné en dehors de l'enceinte de la ville et ne put être enterré ici. Ce mausolée contient donc aujourd'hui la tombe de sa mère et de son fils, Timour. En effet, les hommes étaient traditionnellement inhumés avec leur mère plutôt qu'avec leur femme, car un khan pouvait collectionner un grand nombre de femmes et de concubines au cours de sa vie... La sépulture d'Allakouli Khan se trouve également à droite dans la salle principale.
Les Soviétiques fermèrent la tombe vénérée en 1959 – les pèlerins furent «conviés» à des lectures antireligieuses sur le site –, puis elle fut transformée en Musée khorezmien de l'Histoire révolutionnaire. Aujourd'hui, les jeunes mariés pleins d'espoir et les couples stériles en détresse affluent sur le lieu le plus sacré de Khiva. Ici, tous les visiteurs sont tenus de se déchausser à l'entrée.
Le mausolée est ceinturé de tombes, superposées sur plusieurs niveaux, murées lorsqu'elles sont pleines. Les ruines d'un ossuaire zoroastrien peuvent être observées dans le mur droit de l'ensemble.

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Le mausolée vu de derrière

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Les tombes ceinturant le mausolée

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L'entrée du mausolée et son puits. Derrière, le minaret Islam Khodja.

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La salle principale

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Séance d'explications

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Les tombeaux

 
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Les textes en bleu sont extraits de l'ouvrage "Ouzbékistan" des éditions Guides Olizane